Les week-ends d'Andrés étaient habituellement plutôt calmes, et consacrés aux études, ou bien à sa lubie du moment. Il faut savoir qu'Andrés, ce garçon à la fois curieux et lunatique, changeait de passion comme de chemise. Et ces passions passagères pouvaient être parfois plutôt farfelues. Il n'était pas rare de le voir farfouiller dans les recoins de la bibliothèque à la recherche d'information, ou de le voir recevoir des livres et magasines moldus envoyés par sa famille afin d'assouvir sa soif de connaissances aléatoires. Pour ainsi dire, le jeune Serdaigle ne maîtrisait aucun sujet sur le bout des doigts, puisqu'il changeait d'intérêt bien avant de devenir un expert, mais avait une connaissance superficielle d'un nombre de sujets plutôt impressionnant.

Mais à toute règle, il y a des exceptions. Dans le cas d'Andrés et de ses humeurs intellectuelles, c'était les créatures magiques, et le Quidditch. Sur ces deux sujets, il était pour le moins intarissable et pouvait en parler des heures durant sans se lasser. Il était fasciné par toutes ces créatures dont il ne soupçonnait même pas l'existence avant de recevoir sa lettre pour Poudlard. Il en avait lu des histoires de dragons et de princesses un peu culcul qui savaient pas se servir d'une épée pour se démerder toutes seules, mais si les princesses existaient réellement, c'était quand même plus fou de savoir que les dragons aussi.

Et alors les balais volants. Dès sa première leçon de vol, Andrés avait adoré. Dire qu'il se sentait libre et léger sur un balai serait un peu cliché, le sentiment qu'il ressentait lorsqu'il décollait du sol était plus proche de l'euphorie. De cet état où on ne peut faire autrement que sourire, le rose aux joues, et de se laisser porter par son instinct. Si Andrés n'avait pas le physique d'un garçon sportif, il n'était jamais le dernier à bouger. Mais à Poudlard, point de cours de sports, et on vous engraisse de véritables festins quotidiens. N'importe qui prendrait de l'embonpoint, surtout quelqu'un comme Andrés qui préférait de loin consacrer son temps libre à ses études ou à l'élaboration d'une maquette d'avion mécanique.

L'idée de tenter de rejoindre l'équipe de sa maison l'avait effleuré. Le principal handicap du jeune Islandais, c'était son manque de confiance en lui. D'autres l'avaient complimenté sur sa façon de voler, notamment son aîné, mais les compliments glissaient sur lui comme un touriste sur une plaque de verglas à Reykjavik. Il ne l'avait jamais dit à personne, mais il espérait secrètement pouvoir occuper un jour le poste de Batteur. Il était un grand fan du Batteur de l'équipe des Cerf-Volants de Karasjok, Markus Nilsen, véritable boulet de canon sur son balai dernière génération. Un poster à son effigie ornait l'espace au-dessus de son lit.

S'il avait trop peur du ridicule pour tenter les essais, il s'était en revanche laissé tenter par la proposition d'Aisa. Amis depuis déjà quelques années, Andrés avait appris à apprécier la compagnie de la discrète jeune fille. Il lui devait d'ailleurs une fière chandelle pour la façon dont elle l'avait aidé pendant le tragique épisode de la crise de Matthias. Il n'en avait gardé aucune séquelle, si ce n'était un léger trouble de l'oreille interne qui lui causait des vertiges de moins en moins fréquents. A la demande de l'infirmière, il les avait d'ailleurs comptés, et était plutôt satisfait de constater qu'il n'avait pas titubé depuis plus de quarante-huit heures. A la bonne heure, puisqu'il est déconseillé de faire du Quidditch si déjà on arrive pas à marcher droit, n'est-ce pas ?

Ils avaient donc rendez-vous au terrain de Quidditch en fin d'après-midi pour une petite séance de Quidditch à deux. Andrés espérait peut-être qu'elle serait bénéfique pour son estime, et que, peut-être, il arriverait à rejoindre les rangs de l'équipe de sa maison. Il avait beau s'entraîner en secret en dehors des heures d'entraînement des équipes, à l'aide de simples balles qu'il ensorcelait, il ne pouvait pas réellement juger de son niveau, puisqu'il ne se voyait pas voler. Il prenait donc ce mini-entraînement très au sérieux. Manifestement, il devrait une seconde fière chandelle à la jeune Serdaigle.

Andrés s'était quand même changé pour descendre au terrain. Un simple jogging et un t-shirt avaient fait l'affaire, le mois de juin écossais étant vraiment plus clément que le mois de juin islandais, il considérait même qu'il allait avoir un peu chaud. Il avait empoigné son balai bas de gamme, un Brossdur 5 qu'il avait acquis à son 13e anniversaire. Sa mère lui avait commandé le modèle à partir d'un magazine de Quidditch qu'Andrés avait laissé chez lui, elle ne savait malheureusement pas qu'il s'agissait d'un modèle très dépassé, de seconde main qui plus est. Mais Andrés avait été tellement touché de l'attention et de l'effort fait par sa mère, qui méprisait la magie, qu'il chérissait le vieux balai.

- Salut ! Je t'ai pas fait attendre, au moins ?

Malgré la question, Andrés ne s'était pas dépêché pour arriver plus vite, il était parti d'un pas léger, plutôt content d'avoir l'occasion de ne pas voler en solo. Il avait sourit à sa camarade, balai sur l'épaule, trépignant sur place de pouvoir s'envoler.