Ce matin encore, tu t’arrêtes au Central pour acheter le journal, où le sceau du Conseil est fièrement apposé. Comme tous les autres citoyens d’Asgardia, tu lis avec attention les grands titres, mais la rubrique qui t’intéresse tout particulièrement, c’est celle où l’on peut voir ce petit dessin rond, vert et bleu.

La Terre.

Mais encore une fois, les relevés météorologiques sont sans appel ; “Air contaminé à 82%”, lis-tu. Tu n’oses même pas imaginer ce qu’une bouffée de cet air pourrait faire à tes poumons.
Ce relevé météorologique, c’est le même depuis l’hiver nucléaire des années 60 ; en effet - et tu l’as appris dans les livres d’histoire publiés par le Conseil - la guerre a fini par éclater entre les Etats-Unis et l’URSS, entraînant l’utilisation de leurs bombes H respectives.
La population restante s’est alors unie dans la conception d’une immense station spatiale en orbite autour de la Terre ; Asgardia.

Toi, tu n’as jamais connu la Terre ; mais fouler le sol de tes ancêtres est un rêve que tu partages avec tous les Asgardiens.
Sur cette station, dont la population est strictement maintenue aux alentours de cinq mille personnes, chacun y trouve son compte en attendant le jour béni où la planète bleue sera de nouveau habitable. D’ailleurs, toi même à tes dix-huit ans, tu as passé le TCP, ou Test Cognitif de Personnalité, qui t’a réparti dans l’une ou l’autre des différentes castes asgardienne ; peut-être même es-tu ou seras-tu un membre respecté du Conseil.

Tu te dis, en pliant ton journal, qu’au final, la vie sur Asgardia est sans doute meilleure que celle que tu aurais pu mener sur cette Terre ravagée par la bombe nucléaire, toi, l’un des descendants des miraculés, dont la vie est si bien administrée par le Conseil.
Après tout, le Conseil sait ce qui est mieux pour toi.

Gloire au Conseil et prospérité à Asgardia !