Il se déplaçait dans les dédales sombres du château. La nuit venait juste de se lever et pourtant, Antonio avait la chair de poule. Il faisait déjà froid. Ou alors, était-ce la peur qui parcourait ses entrailles ? Était-ce sa crainte qui raidissait ses membres ? Sa frayeur qui lui donnait envie de retourner dans son dortoir au plus vite ou bien de se blottir dans les bras de son aimé ? Ou bien la lune presque pleine qui annonçait sa future transformation ? Antonio ne savait pas, mais ce qui était sûr, c'est qu'il n'avait plus aucun choix désormais. « Il » lui avait dit de le faire et il devait obéir. Quitte à mettre d'autres personnes en danger pour sauver ceux qui lui étaient cher.

La présence d'Arthur à ses côtés n'était pas des plus réconfortantes. Aucun ne pipait mot ; l'envie n'y était pas et la hantise de ce qui pouvait se produire ce soir les en empêchait. Seuls leurs pas résonnaient dans les couloirs ainsi que les ronflements des tableaux. Antonio ne regardait pas son homologue, trop perdu dans ses pensées. Enfin, il allait être libéré du joug de son tortionnaire. C'était sa dernière mission, il le lui avait dit, seul restait l'espoir de le croire désormais. Il ne se sentait plus capable d'assumer cette responsabilité plus longtemps et qui de mieux placer que Kirkland pour le faire à sa place. Il était la seule personne en qui il n'avait aucune pitié et parallèlement, il était peut-être la seule personne capable de faire une telle mission. De ce fait, Antonio avait un minimum de respect pour lui, mais surtout parce qu'il allait sauver son meilleur ami et que ce dernier était très attaché au Britannique.

Antonio était parti chercher Arthur, devant la salle commune des Serpentard aux cachots. Et maintenant, ils remontaient les Grands Escaliers jusqu'aux anciennes toilettes des filles, au deuxième étage. Ce n'est qu'une fois arrivés là-bas qu'Antonio se tourna vers celui qui l'accompagnait. Il semblait perplexe et se demandait sûrement qu'est-ce que deux garçons comme eux pouvaient bien faire dans d'anciennes toilettes désaffectées à cette heure si tardive...

L'endroit était calme et étrangement Betty, le fantôme qui hantait ce lieu depuis des années, ne semblait pas présente. Les fantômes dormaient-ils ? Antonio abandonna cette question et regarda les lavabos qui prenaient la plus grande place de la pièce tout en s'assurant que personne n'était là. Il fallait qu'il le trouve. « Il » lui avait dit où ça se trouvait.

- Ah, enfin !

Il l'avait trouvé, le robinet. Il s'approcha de celui-ci et le fixa. Des petits serpents l'ornaient, contrairement aux autres. C'était bien ici, « il » ne lui avait pas menti. Ce n'était pas une légende de couloir, alors ? Il frissonna. Alors, ce qui se trouvait là-bas...n'était pas un mensonge non plus ? L'Espagnol leva les yeux vers Arthur qui ne comprenait pas ce qui se passait et qui semblait agacé. Antonio prit alors un air sérieux, il devait répéter à la lettre les ordres qu'on lui avait dit et Arthur devait absolument les respecter. Pour sa propre survie, celle d'Antonio et surtout...celle de Francis.

- Écoute...Tu vas devoir suivre mes directives si tu tiens à Francis. Tu sais que, si jamais tu ne m'écoutais pas il pourrait...

Il laissa sa phrase en suspens.

- Enfin, bref. Je sais que tu es Fourchelang, « il » me l'a dit. Et seul toi peut le faire...Ouvrir la Chambre des Secrets...

Il le dit sur un ton grave, comme si cette annonce prévoyait les sombres événements à venir.

- Tu as dû entendre parler de ce qui se cache là-bas, n'est-ce pas ? Un héritier de Serpentard ne peut qu'être au courant.

Antonio lui-même ne savait pas ce qui s'y cachait. Il avait juste entendu parler d'un monstre et il n'avait aucune envie de savoir son espèce. Tout ce qu'il savait, c'est que c'était dangereux et qu'il était bien content de ne pas y aller à la place de Kirkland. Il n'avait d'ailleurs pas vraiment de remords à envoyer le Serpentard dans la gueule du loup, ce n'était pas son problème. Si jamais il mourrait, il pourrait bien consoler Francis. Si cependant, c'était Francis qu'il mourrait il...
Il ne voulait pas y penser.

- Ici, se trouve l'ouverture de la Chambre des Secrets. Je suppose, qu'en tant que bon héritier, tu as une petite idée de comment faire pour qu'elle s'ouvre. Ensuite tu devras...appeler la créature qui se trouve à l'intérieur, pour qu'elle se réveille. Tu n'as qu'une chose à faire : il faut qu'elle se balade dans les canalisations en fermant les yeux. C'est le seul ordre que tu dois lui donner. Je ne sais pas si elle t'écoutera, mais, « il » m'a dit que si. Quand tu l'auras fais, tu reviens ici, je t'attendrais. Mais ne compte pas sur moi pour t'accompagner. Écoute, ne me pose pas de question,s je ne sais pas ce que mon....enfin...ce qu' « il » désire réellement. Je ne sais pas ce que tu vas déclencher en faisant ce que je te demande. Mais il faut que l'on sauve Francis. Tu as bien vu ce que la marque lui avait fait ? Vale...

Antonio se triturait les doigts. Et si jamais cela ne fonctionnait pas ? Si Arthur échouait dans sa mission ? Que se passerait-il ? Qu'est-ce que son tortionnaire prévoyait de leur faire ? Ses douleurs au ventre s'accentuaient. Pour le savoir, il ne restait plus qu'à le faire.

- Deux dernières choses : ne la regarde jamais dans les yeux et ne bois et ne touche surtout pas l'eau...