Quelques baisers échangés dans les couloirs sombres amenant jusqu'aux dortoirs des Serpentards. Il n'y avait personne. Ils étaient seuls, engouffrés dans le plaisir de leurs mains baladeuses, jusqu'à leurs lèvres désireuses l'une de l'autre. Les caresses d'Antonio devenaient de plus en plus intimes et insistantes face au corps de la frêle jeune fille qui tremblait, elle, d'excitation. Le fait que le Poufsouffle n'était pas autorisé à être ici, surtout pas pour réaliser de tels actes avec cette Serpentard de 5ème année
ne faisait que renforcer leur excitation. Et pourtant, la jeune fille se séparant de l'espagnol en plein baiser ardant, hésitante. Elle détournait le regard, les joues en feu, alors qu'elle remettait une de ses mèches blondes derrière son oreille, timidement sous les yeux de l'hispanique qui roulait des yeux avant de soupirer en espagnol:

-"Une vierge..."

Il roula des yeux mais ne gardait pas moins un aimable sourire qui puisse la mettre en confiance. Il se mit à caresser sa joue en la regardant dans les yeux, tendrement, cette dernière se faisait prendre au piège de ces yeux doux.

-"Je sais pas si-...si je suis pr-prête-...
-C'est pas grave on peut attendre, je vais pas te forcer~
-...
-Mais bon, autant que je m'en aille!
-...non!Je veux pas que tu partes...je-"
-Nt, nt nt~"

Il avait posé son index sur les lèvres tremblantes de la petite blonde qui n'arrivait apparemment plus à le lâcher du regard, la coupant dans ses paroles. Son sourire ne l'avait pas quitté une seule seconde et il reprit bientôt, s'amusant à enrouler une de ses mèches blondes autour de son doigt:

-"Tu sais ce qu'on va faire?Tu vas aller dans ton dortoir...et tu vas y réfléchir d'accord?Quand tu seras prête, je viendrais, j'ai tout mon temps!"

Sur ce il se recula mais la jeune Serpentard le fixait, visiblement confuse par ses propos, ce qu'elle fit bientôt savoir. Il bégayait pour donner un sens à sa confusion.

-"Mais comment tu vas savoir que je-"

Il la coupa une seconde fois en lui faisant signe de se taire.

-"Crois-moi, je le saurais...j'ai un don pour ça~" déclara t-il en un léger rire. "Allez zou!"

Alors que l'espagnol resta sur place, la jeune fille elle s’exécuta, partout direction son dortoir, toute troublée, se retournant parfois pour jeter des coups d’œil à Tonio qui lui répondait par un petit signe de la main accompagné d'un de ses doux sourires. Tout ce petit manège dura jusqu'à ce que le beau brun ne puisse plus l'apercevoir et tourna des talons pour aller vers les dortoirs des garçons mais plus particulièrement un dortoir en particulier; celui de Gilbert. Pour ce qui avait été de la fille, il savait depuis le début qu'elle allait finir par réagir ainsi et n'avait servi que de pass pour entrer chez les Serpentards. Il aurait pu demander à Benjamin, mais il lui aurait posé trop de questions après ça.

Certes, il venait de pêcher mais il s'en importait peu, se disait qu'il irait se repentir, comme toujours et Dieu le pardonnera.

Connaissant par coeur le chemin pour atteindre le fameux dortoir, il arriva devant la porte qui à son grand étonnement, était entre-ouverte. Prudent, il regarda par l'encoche de la porte pour s'assurer qu'il était vide. Oui complètement vide même. Comme si on lui avait ouvert rien que pour lui. Mais ça Antonio n'en fit même pas la déduction, il était simplement heureux d'une telle opportunité. Il posa alors la main sur la porte et la poussa pour l'ouvrir en grand et entrer. Il détaillait les environs un court instant et referma la porte derrière lui avant de rapidement se diriger vers le bureau de Gilbert.

Si il était venu ici, c'était pour une chose, bien précise; les lettres qu'envoyaient Gilbert à Swanhilde et inversement. Il voulait savoir ce qui se disait, si Gilbert était si ignoble avec lui, est-ce qu'il ne l'aimait vraiment plus, est-ce que-

Un claquement de fenêtre le fit sursauter, alors qu'il avait plaqué avec violence ses mains contre sa bouche pour étouffer son cri de surprise. Il regarda autour de lui, paniqué, de peur qu'on l'ait pris la main dans le sac, mais rien, juste cette stupide fenêtre à qui il fit un doigt d'honneur et insulta de beaucoup de mots d'oiseaux en espagnol. Puis il reprit sa recherche passant du bureau, jusqu'à son armoire, ses tiroirs et-...son regard se posa sur la partie basse du lit de son ex-petit ami.

Il plissa les yeux et se mit à quatre pattes pour glisser ses bras sous son lit et se mettre à tâter des mains une quelconque chose jusqu'à ce qu'elles viennent à rencontrer une forme rectangulaire. Il attrapa fermement et la tira contre lui jusqu'à découvrir de ce qu'il s'agissait. Une boite en cuivre froid dont les bouts des doigts de l'espagnol vinrent à caresser les sculptures fait dans le fer roux. Il se releva pour se laisser tomber sur le lit parfaitement fait de l'aîné Beilschmidt, allongé, la fameuse boite posée devant lui. Il respirait par grande inspiration, juste pour apprécier l'odeur dont était imprégnée l'oreiller et les draps, les yeux fermés pour tenter de cacher le fait que ses yeux étaient devenus humides. Mais il n'était pas venu pour pleurer, loin de là, alors il se ressaisit bien vite en frottant ses paupières du revers de sa main et amena sa main jusqu'à la boite pour l'ouvrir et y apercevoir le contenu; des lettres.

Maintenant, il ne restait plus qu'à espérer qu'elles soient celles qu'il cherchait et c'est ainsi qu'il vida le tout, posant la boite maintenant vide sur la table de nuit et étala les lettres sur le lit pour qu'il puisse mieux les apercevoir. Toutes venaient soit de Gilbert, soit de Swanhilde. Jackpot. Il regardait les dates pour finir par s'emparer de la toute première qui était de Gilbert, certainement le brouillon de la lettre envoyée à Swanhilde mais qui contenait les mêmes écrits, juste en plus raturé.

Il commençait à lire attentivement...

Les yeux de l'espagnol s'étaient embrumés de larmes mais il avait fini de lire la première lettre. Il la reposa parmi le tas et resta un moment ainsi sans rien dire, ou rien faire. Il n'avait que trop compris ses mots que Gilbert lui-même avait écrit. Il n'arrivait pas à y croire. Il se revoyait déjà dans ses bras, toutes ses fois où il avait dit que son sang n'importait pas, qu'il trouvait ses concepts et ses histoires stupides et là…

Sang de bourbe.

Il l'avait traité de "sang de bourbe". Comme une perte de temps, quelque chose de sans intérêt, rien de plus dans sa vie qu'une nuisance. Il avait du mal à y croire, à avaler de telles sottises. Est-ce que Gilbert pensait vraiment ce qu'il écrivait ou alors c'était juste histoire de récupérer la mégère qui lui servait de mère?

Il ne savait pas mais il voulait savoir.

C'est avec une curiosité malsaine qu'il s'empara de la prochaine lettre, la réponse de Swanhilde, ne sachant pas du tout à quoi s'attendre. Il frotta ses yeux du revers de sa main pour y sécher les larmes qui lui brouillaient la vue et se mit sur le dos, les bras tendus tenant la lettre de la mère, ses yeux commençant à parcourir cette dernière.

Antonio commençait la deuxième lettre avec appréhension. Celle-ci avait été écrite par son ex belle-mère, et vu ce qu'il avait pu voir d'elle, elle était loin d'être la tendre mère qu'il aurait souhaité pour Gilbert. Non celle-là tenait plutôt de la mère castratrice, à l'esprit fermé sur ses idées et qui avait projeté sur son fils tout ce dont elle rêvait. Une femme reposant sur l'origine de son sang, et leur soi-disant pureté, la rendant imbue d'elle-même. Une femme qui répugnait Tonio comme personne.

Il avait vu tout ça quand il était allé chez Gilbert l'été dernier. Il frissonna en se remémorant un des rares moments qu'il avait pu passer seul avec Swanhilde…


Antonio chantonnait doucement une chanson en espagnol, en aidant un elfe de maison à faire le ménage. Pas qu'on l'ait obligé à le faire mais en voyant la tonne de travail que le pauvre elfe avait, le brun lui avait immédiatement proposé son aide. Et vu la tête qu'eut tiré l'elfe devant un proposition pareille, c'est qu'il n'avait pas l'air qu'on lui propose de l'aide ou un peu de compagnie bien souvent. Tonio n'était pas idiot, il savait très bien comment les elfes de maison étaient traité dans le monde des sorciers mais il n'était pas comme ces derniers, et traitait les elfes comme des gens comme les autres. Il n'avait donc que pu se sentir compatissant. De plus, ce manoir était énorme, bien qui n'en était pas si étonné que ça. Après tout Gilbert était issu d'une riche famille de sang-purs, et avoir de telles biens faisant parti de leur vie. Bien qu'il aurait du se réjouir d'avoir la chance de pouvoir passer un petit séjour avec son petit-ami dans une telle propriété, un détail clochait. 

Sa mère. Swanhilde.

Il n'avait vu de femme si irrespectueuse, ingrate et désagréable. Et pourtant Antonio n'était pas la personne la plus facile à dégoûter mais là…elle lui prenait sur les nerfs, et même si il essayait de d'éviter tout conflit le plus possible, elle revenait toujours à la charge avec ses remarques, l'appelant à coup de "sang de bourbe", ou en le traitant avec dégoût, comme si il n'était qu'un simple moucheron, mais obstacle pour la réussite de son fils. Heureusement, Tonio avait des nerfs d'acier, et il se contentait de garder le sourire, face à ses remarques, et surtout devant Gilbert pour ne pas l'inquiéter…après tout, il avait eu la gentillesse de l'inviter alors autant pouvoir le remercier de sa bonne humeur habituelle. 

Il soupira longuement, s'arrêtant de travailler un instant pour se soutenir de ses deux mains au bout son manche à balai. Le fait que l'espagnol se soit arrêté de chanter fit se retourner son compagnon de ménage. 

-Ça ne va pas, Monsieur Antonio?
-Si, si ça va…je m’arrêtais juste pour…réfléchir~!
-Et bien reprends ton travail, il faut bien que tu serves à quelque chose.

Cette dernière voix n'avait pas été celle de l'elfe comme le brun l'aurait espéré mais une toute autre. Une voix féminine, qui s'était faite sèche et méprisante, foutant l'air comme un fouet. Ce dernier se retourna vers cette fameuse voix pour y apercevoir cette longue silhouette aux légères courbes, ses cheveux blancs comme neige qui serpentaient sur ses épaules, et ses yeux perçants dont Gilbert avait hérité.

Tonio tenait son balai entre ses deux mains, tout contre lui comme se protéger de sa belle-mère. Aucun mot ne sortait de sa bouche qui s'était entre-ouverte entre temps, sous la surprise. Il avait tellement de choses à lui riposter, reprocher, lui dire, mais rien. Il restait silencieux même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Il ne pouvait juste pas…pour trop de raisons qui lui torturaient l'esprit. Mais Swanhilde reprit bien vite:

-Tu n'es pas avec Gilbert?C'est étonnant, pour une fois.
-Il-il est parti chercher…des…à manger…
-Ah?Il a besoin de nourrir son animal de compagnie?
-Gilbird?Non, non, c'est plu-
-Je parlais de toi.

Un grand silence prit place dans la pièce. Antonio restait bouche-bée. Elle ne manquait pas de culot. Elle avait toujours été d'un désagréable avec lui, mais là, ça dépassait largement toutes les interactions qu'ils avaient eu ensemble. Il tourna son regard vers l'elfe de maison, faisant sursauter ce dernier qui s'était arrêté de travailler  pour les écouter alors qu'il reprenit bien vite son travail. 

Est-ce qu'il devait vraiment énoncer toutes les formes d'irrespect qu'elle venait d'avoir envers lui en moins de deux minutes?

Non.

De toute manière, c'était trop douloureux. L'Espagnol ne voulait même plus s'embêter à répondre, il était trop blessé par ses paroles, par un tel comportement…C'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Mais il n'allait pas rester comme ça, les bras ballants, à se laisser rabaisser par une mégère de son genre, peu importe soit-elle sa belle-mère ou pas.

-Je ne vous permets pas!
-Hm?
-Vous allez trop loin, je comprends que je ne suis pas le gendre dont vous auriez rêvé mais j'aime votre fils et c'est réciproque!C'est comme ça, va falloir s'y habituer!
-Tu as fini?
-Vous avez écouté ce que j'ai dit au moins?!
-Ecoute-moi bien Antoine…
-Je m'appelle Antonio.
-Ne me prends pas pour ta belle-mère, je ne suis rien de tout ça. Je suis au dessus, bien au dessus de toi et tu me dois le respect, comme tu le dois à Gilbert. Il faut tu saches rester à ta place, jeune homme. Et n'essaye même pas de croire en votre soi-disant amour, puisqu'il n'y en a pas, ou du moins il n'est pas réciproque.
-Je-…!
-Ton sang fait défaut à ta réflexion…c'est triste mais pas étonnant en soit. Quoiqu'il en soit, je vais t'éclairer.

Antonio ne pouvait faire que ça, l'écouter, même si c'était très visiblement à contre cœur. Elle reprit:

-Gilbert est simplement en pleine crise adolescente. Il veut se rebeller contre sa famillle en me présentant un sang de bourbe…mais comme toute crise adolescente, ça lui passera et quand elle sera terminée, il te laissera tomber aussi vite qu'il est venu. Comment peux-tu croire qu'un sang pur comme Gilbert se soit attaché à toi…?Déplorab-

Le brun laissait tomber son balai, le bois du manche claquant contre le sol marbré, coupant Swanhilde dans ses paroles. Tonio n'en pouvait plus, il avait l'impression que sa tête était entrain de se faire compresser, alors que dans son esprit, il n'était que tourment. Il passa le revers de sa main sur ses paupières et fonça tout droit sans regarder devant lui. Il bouscula légèrement de l'épaule la maîtresse de maison et se dirigea vers les escaliers pour les descendre comme une furie:

-Et Gilbert?
-Dîtes-lui que je suis allé faire un tour.

Un violent claquement de porte se répétait en écho dans toute la maison après la sortie d'un Antonio détruit moralement.


Antonio se rappelait de ce jour avec clarté. Tous ces mots n'avaient pas été pris avec bonheur, loin de là et même s'en rappeler était encore douloureux. De plus, quand on savait elle avait réussi à le faire douter jusqu'à quitter Gilbert, c'était d'autant plus significatif. Ces mots l'avaient atteint comme aujourd'hui les mots de cette lettre l'avait fait.

Il n'essayait même pas de calmer ses pleurs, après tout personne ne pouvait le voir et retenir ses émotions étaient beaucoup trop douloureux. De plus, cette curiosité malsaine l'obligeait à continuer de lire ses lettres. Il ne savait même plus ce qu'il espérait mais il allait continuer jusqu'à la dernière. Il posa celle-là un peu plus loin avec celle de Gilbert et s'empara de la prochaine pour se mettre à lire.

Antonio restait sans mot. Il n'avait même plus l'impression que le Gilbert qui écrivait ces lettres étaient bien celui pour qui son cœur battait. Impossible. Non ce n'était pas Gilbert Beilschmidt mais Gilbert Hohenlohe qui parlait. Il ne savait même plus si il devait avoit pitié de ces piteuses valeurs avec laquelle sa mère l'avait endoctriné ou si il devait commencé à le mépriser pour ça. Cet horrible mélange de sentiments tellement incompatibles...il aimait le Serpentard de tout son coeur mais pas celui qui écrivait ces lettres. Il aimait l'homme qui avait su le faire sourire, le faire rire, et se sentir bien. Celui qui écrivait ces lettres ne savait que le faire pleurer, l'énerver, lui briser le cœur aussi vite qu'il l'avait pris.

Le brun s'installa, dos contre le mur, comme pour reprendre ces esprits et frotta ses yeux rougis par les larmes du revers de ses mains. Il était fatigué de pleurer. Pleurer pour un homme qui n'en valait plus la peine. Le Gilbert qu'il aimait et qu'il s'était promis d'aimer pour toujours était mort. A jamais. Ou du moins c'est ceux à quoi il s'était résolu. Alors tout l'amour et la pitié qui l'avait empêché de laisser sa colère d'exploser jusque là disparurent. Il était en colère, terriblement en colère contre cette femme qui lui avait pris sa moitié.

Il attrapa la dernière lettre, comme pour lui-même s'achever, un peu plus se rendre compte combien il venait de perdre, combien avait changé Gilbert. Il n'avait plus rien à perdre de toute manière. Il serra le papier entre ses mains, manquant de le déchirer et se mit à lire...