Océane souffla, observant un court instant les bulles qui se formaient pour remonter à l'air libre. Puis, avec une impulsion venue de ses jambes, elle suivie le chemin crée par les résidus de l'oxygène qu'elle avait auparavant dans ses poumons et creva la surface de l'eau à son tour.

Le ciel avait cette nuance de bleu encore très pâle qu'il prenait lorsque le soleil se levait encore tout juste – c'était à cette période de la journée qu'Océane venait se baigner, tous les week-end sans exceptions. Elle se levait alors tôt le matin, rangeant ses grasses-matinées au placard pour profiter du plaisir simple de se sentir immergée dans l'eau, et de mobiliser ses muscles afin de nager – toujours plus vite, toujours plus loin. Bien que cette habitude n'était née qu'avec les années – elle n'allait au départ que nager irrégulièrement dans le lac noir – elle s'était peu à peu inscrite dans son emploi du temps jusqu'à devenir une évidence, quelque chose que la Poufsouffle ne manquerait pour rien au monde. Son cerveau s'était programmé ainsi – se lever avec le soleil, enfiler le maillot, aller nager, rentrer, prendre une douche chaude, prendre le petit-déjeuner. Ça la mettait de bonne humeur, la faisait se sentir vivante.

Et puis, l'avantage de se lever tôt, se dit-elle encore une fois en repartant vers le centre du lac à la brasse, c'est qu'il n'y a personne pour venir me déranger.

A cette heure-ci de la matinée, en effet, Océane ne croisait généralement que quelques courageux qui venaient courir dans le parc, ou son amie Nothembi avec qui elle nageait régulièrement. Aujourd'hui elle était seule cependant – mais cela ne la dérangeait pas particulièrement. Bien qu'encore un peu ronde – d'après sa sœur qui philosophait face à ses kilos en trop, c'était de famille – la jeune africaine était en réalité plutôt sportive. Elle pratiquait deux à trois fois par semaine de la danse et nageait le week-end – au final, tout cela lui donnait une bonne endurance qu'elle montrait rarement face à autrui.

Ainsi, le lac noir était depuis longtemps devenu sa piscine géante préférée – après la mer près de chez elle, bien sûr. Bien qu'elle ait connaissance des créatures de tous genres y habitant, elle ne s'en préoccupait pas et la plupart la laissait tranquille. Elle avait bien eu quelques déboires de-ci delà, mais elle avait une certaine affinité avec les créatures qui l'avait fait se sortir de ces situations délicates – ou bien sa gentillesse naturelle les touchait également, peut-être. En tout cas, elle n'était plus ennuyée depuis longtemps et comme elle se contentait de rester à la surface ou jusqu'à deux mètres en-dessous, elle ne rencontrait plus aucun problème. Elle pouvait ainsi profiter à fond de ses longues séances de natation.

Relavant doucement la tête, Océane constata qu'elle était de nouveau près du centre du lac – elle se mit alors sur le dos, contemplant le ciel qui s'éclairait doucement, les nuages blancs qui le parcouraient tels des moutons sur une plaine. Aucun vent ne se faisait ressentir, pour une fois – et la sensation de l'eau autour de son corps, le léger clapotis qui parvenait à ses tympans à chaque fois qu'elle bougeait l'endormait presque. Un soupir détendu s'échappa de ses lèvres alors qu'elle nageait doucement, toujours sur le dos, dans le but de se rapprocher de la rive du lac.

Pas de doute, ce dimanche matin avait des goûts de Paradis.