Et là-haut dans le ciel...

If you were born without wings, do nothing to prevent them from growing.

Tout en attachant pensivement ses longs cheveux blonds à peine brossés, Svitlana se remémorait ses premières expériences sur un balai. Le regard perdu dans le vide, elle parvenait difficilement à retrouver cette excitation mêlée de crainte la première fois qu'elle avait donné ce coup de pied à présent si mécanique, cette boule au ventre à la fois douloureuse et exaltante. À vrai dire, son premier vol était flou : oui, elle avait eu des cours lorsqu'elle était étudiante, mais même le visage de son professeur lui revenait à peine.

Pour être même tout à fait honnête, sur le coup, elle avait trouvé ça décevant. L'aisance et la liberté qu'elle avait espéré atteindre n'était pas là ; elle était juste agrippée au manche de son balai, dans un équilibre peu assuré, sans pouvoir s'empêcher d'avoir peur de la chute alors que le vertige n'avait jamais fait partie de ses phobies. Le vol n'est pas quelque chose d'inné. On ne sait pas voler en sortant du ventre de sa mère. C'est une passion, comme beaucoup d'autre, qui naît de la curiosité et de la persévérance.

Elle avait vu les grands athlètes se déplacer avec l'aisance d'une hirondelle et fendre l'air comme un aigle. Alors, pourquoi pas elle ? C'est en recommençant, une fois, deux fois, dix fois, cent fois, qu'elle avait finalement trouvé sa voie. Le vol est un art à ses yeux, car même si certaines techniques sont communes et servent de base à tous, chacun a sa propre manière de faire. Tout comme deux dessinateurs n'auront jamais parfaitement le même style, deux joueurs de Quidditch ne manieront pas leur balai de la même façon.

Svitlana finit par sortir de son bureau, pour aller sur le terrain de Quidditch, aveuglée un instant par le temps exceptionnellement clair. Comme prévu, sa cadette était là, déjà sur son balai, visiblement impatiente d'en découdre. Si elle tient quelque chose de moi, c'est au moins ça, pensa la professeur de vol avec amusement.

- ПРИВЕТ! !
- привет, répondit plus calmement Svitlana, tout en déposant un lourd coffre près d'elle. J'espère que tu es prête. Tu m'as dit que tu voulais t'entraîner, alors je ne vais pas y aller mollo aujourd'hui. On est d'accord ?