Caractère :
Depuis qu'il est tout petit, Berwald ne parle pas beaucoup, ou tout du moins il s'exprime en peu de mots, mais il les choisit bien ; une justesse de verbe qui peut sans doute lui donner un air un peu coincé ou hautain, mais rien ne serait plus éloigné de la réalité. C'est un jeune homme sensible, presque trop, dont le lourd passé a laissé des marques indélébiles, et il n'est pas si rare de le voir se tendre légèrement lorsque quelqu'un fait un mouvement un peu brusque à côté de lui.

Mais Berwald est un battant, et sa forte carrure entretenue par le Quidditch impose le respect, la crainte parfois, d'autant plus qu'il dépasse d'un bon pied ses autres camarades. Maladroit, il oublie régulièrement sa force et aimerait parfois être plus délicat avec ses grandes mains un peu calleuses, car il est loin d'être une brute qui ne réfléchit pas, et porte de l'intérêt à un tas de choses que le commun des mortels pourrait définir comme intellectuelles ou même féminines : la lecture et l'écriture notamment, qui lui servent de catharsis, ainsi que les sortilèges pour leur élégance et la botanique pour son côté reposant.

On pourrait dire de lui qu'il est solitaire mais ce n'est pas tout à fait vrai : il préfère généralement sa propre compagnie à celle des autres pour une raison simple, son manque de compréhension du milieu social. Il n'est pas excessivement difficile de s'en faire un ami, et il est extrêmement loyal, mais il montre rarement son affection pour les gens. Devenir proche de Berwald signifie apprendre à repérer ces petites choses qui, pour lui, veulent dire des grandes : une esquisse de sourire insaisissable en réponse à une mauvaise blague, un mouvement de tête discret en signe de respect, ou encore un bref contact pour marquer un soutien inébranlable.

Berwald a un côté naïf qu'on ne lui soupçonnerait pas et il est facile de lui jouer des tours (pour le plus grand plaisir de ses frères adoptifs). Il ne le prend généralement pas mal, sauf s'il se fait humilier en public. Sa réaction sera alors immédiate et il cherchera un moyen de s'éloigner le plus possible du monde et de la scène. De façon assez suprenante, il est assez doué pour inciter les gens à faire ce qu'il veut, un "don" dont il ne se sert pas pour causer la discorde. Plein d'attentions et serviable envers ceux qu'il aime, il est assez adorable de voir ce géant au coeur de guimauve rougir quand on lui retourne l'attention.

Physique :
Ca a déjà été dit, mais Berwald est grand, très grand, à tel point qu'on est en droit de se demander si du sang de géant ne coule pas dans ses veines. Il est également raisonnablement musclé, ce qui en fait un garçon au corps athlétique et, soyons honnête, agréable à l'oeil. Pourtant, il est rare de le voir découvert, et dans les vestiaires du stade, il se dépêche généralement de se changer comme si cela pouvait empêcher les autres de le fixer. Complexé, il a horreur de montrer les quelques cicatrices pourtant presque invisibles qui courent sur son dos.

Ses yeux, d'un bleu-vert aigue-marine saisissant, lui confèrent néanmoins une vue terrible qu'il doit absolument corriger avec des lunettes au risque de se tromper de cible en lançant un sort. Même avec ce dispositif correcteur, il lui arrive de plisser les yeux lorsqu'il doit déchiffrer des écritures minuscules. Le Suédois n'est clairement pas laid, et les traits de son visage, bien qu'abrupts, sont réguliers et esthétiquement masculins, mais souvent peu flattés par l'expression neutre ou sérieuse qu'il arbore en quasi-permanence.

Berwald a des cheveux courts, blonds comme les blés, qu'il garde à une longueur réglementaire pour une question de pratique. Son frère Matthias a bien essayé de l'initier au gel mais les résultats furent tellement hilarants et le procédé si chronophage pour le goût du plus jeune que l'idée fut rapidement abandonnée. Son teint, lui, est plutôt pâle, pas d'extrême mais il reste un Nordique de souche.

Sa voix, quant à elle, est grave et mesurée. Incapable de chuchoter, il a abandonné très vite l'idée de discuter en classe à partir du moment où il a mué car être discret devenait impossible. De toute manière, sa carrure ne lui permet clairement pas de disparaître, alors, autant faire avec.

Histoire :
L'un de ses premiers souvenirs est la douleur. Aucune image, aucun son, aucune odeur, juste la sensation de douleur. Bientôt, elle est associée à un visage qui ne cessera jamais de hanter ses rêves et le poursuivra jusqu'après la mort. Qui est-ce ? Il lui faut un moment avant de comprendre que c'est son père. Il ne comprend pas, les autres enfants lui disent que leur papa est l'homme le plus génial au monde. Est-ce qu'ils se font battre, eux aussi ? Est-ce qu'ils se font ouvrir le dos au moindre mot de travers ? Non, certainement, sinon ils ne seraient pas aussi joyeux et rieurs. Berwald ne l'est pas. Berwald est un enfant qui ne sourit pas, ne pleure pas, il effraie les adultes et les autres enfants le trouvent bizarre, à suivre son père comme son ombre sans jamais rien dire. Il ne dit rien parce qu'il sait que c'est le meilleur moyen d'échapper à la ceinture.

Au début, son père lui disait qu'il n'avait pas de mère, puis ensuite il lui a dit que c'était juste une pute. À son âge, on ne sait pas ce que c'est, on apprend plus tard, et soudain tout fait sens et la douleur revient comme si les mots étaient frais. Maman, maman, aurait-il voulu appeler les soirs où le sang coulait dans son dos et formait une tache tiède sur les draps. Sors-moi d'ici. Mais rien ne vient, rien ne vient car elle n'est plus là depuis longtemps, morte ou oubliée il ne sait pas. Dans cette grande maison, il n'y a que lui et son père, et il lui semble que tout est vide.

"Il est mort !" crie-t-on, et ça lui vrille les oreilles. Mort ? Oui, mort. Son corps flottait dans la rivière à l'écart de la ville. Quelqu'un s'est chargé de lui, et Berwald ne sait pas ce qu'il ressent. Du soulagement : il n'aura plus à subir. De la peur : que va-t-il lui arriver ensuite ? Du vide : je suis seul, à présent. Plus pour longtemps, car bientôt il entre à l'orphelinat de Stockholm. Stockholm est tellement différente d'Uppsala. C'est grand, aux yeux du petit Berwald, et surtout il n'est pas habitué à vivre avec autant de monde.

Dans ses rêves il le revoit encore. Il se réveille en sueur, la nuit, mais il ne dit rien, ne crie pas, ne se tourne pas, il referme les yeux, se replongeant dans l'obscurité totale, comme un défi. Tu ne peux plus m'atteindre, maintenant. Tout comme les autres enfants de l'orphelinat, il fait de la magie. Rien d'extraordinaire, il sait bouger des objets à distance ou allumer un feu de cheminée en se concentrant assez fort. Certains savent faire plus de choses que lui, il n'est pas différent. Et ça lui plaît.

Un jour, un homme se présente à l'orphelinat, et son regard croise le sien. Il a appris à ne plus espérer, et pourtant ! Pourtant, à peine quelques jours plus tard, on lui ordonne de faire ses valises (ce qui n'est pas bien difficile vu ses rares effets personnels), et on lui informe qu'il part pour l'Ecosse, pour Poudlard même, l'une des plus prestigieuses écoles de magie au monde. Son coeur rate un battement à ces mots ; il n'est pas sûr d'être destiné à quelque chose de prestigieux.

Il apprend qu'il n'est pas le seul enfant chez Oswald, son nouveau père adoptif. Il y a Matthias, qui lui saute (littéralement) dessus à son arrivée et ne cesse de lui poser diverses questions auxquelles il ne peut répondre tant il est submergé d'émotions. Est-ce que c'est ça, avoir une famille ? Une place ? Un endroit où on se sent à la maison ?

Oui, se dit-il, alors qu'il s'avance vers le tabouret où l'attend le Choixpeau, le regard pétillant de fierté d'Oswald et les yeux scintillant d'enthousiasme de Matthias posés sur lui. C'est bien ça.