KØHLER Matthias & HÉDERVÁRY Elizaveta584 mots ▬ dialogue en gras

Pourdlard, c'était grand. C'était même immense, impressionnant, incroyable, et surtout magique. Du moins, c'est ainsi qu'Eli décrirait Poudlard si on lui demandait – la fameuse école de magie dont son père lui avait conté nombre d'histoire, où elle avait tant rêvé d'y aller. Elle se souvenait encore de sa joie immense lorsqu'elle avait reçue sa lettre ; elle avait sauté partout et avait été incapable de se tenir pendant une bonne semaine, harcelant son père pour aller déjà acheter ses affaires pour l'école.

Elle se souvenait de chacun de ses émerveillements ; de sa fierté d'avoir enfin sa baguette ; de l'envie qui lui dévorait ses entrailles de suivre les pas de son père, son modèle, et d'aller elle aussi à Gryffondor ; de son soulagement lorsque le Choixpeau avait hurlé le nom de la Maison rouge et or alors qu'il hésitait avec Serdaigle ; de la joie qu'elle avait eu à envoyer une lettre à sa famille pour leur rapporter la Maison qui serait la sienne pour la durée de ses études.

Oui, Eli était heureuse à Poudlard. Les cours n'étaient pas foncièrement  difficiles, sa baguette lui obéissait correctement, et même si il lui fallait déjà travailler à côté elle réussissait correctement dans toutes les matières. Après tout, il fallait bien qu'elle soit la meilleure ; il fallait au moins ça pour que son père soit fier d'elle.

Après tout, n'était-ce pas son souhait le plus cher ?

Oh, bien sûr, tout n'était pas rose à Poudlard pour la petite fille. Justement parce qu'elle était une petite fille. Elle qui était jusqu'alors persuadée d'être un garçon, cette découverte lui avait fait un choc. Un tel choc, d'ailleurs, qu'elle refusait de dormir dans le dortoir des filles de son année, tout comme porter l'uniforme féminin auquel elle préférait le masculin. Si les préfets avaient essayés de la faire changer d'avis, ils avaient fini par abandonner, devant se dire que ce n'était qu'un caprice passager.

Mais Eli n'était pas prête d'abandonner du terrain. Alors, en attendant, elle s'endormait dans la salle commune, sur ses livres, quand elle travaillait tard le soir ; ou s'incrustait sans gêne dans le dortoir des garçons, avec qui elle s'entendait de toute façon mieux que ses camarades du même sexe.

C'est ainsi que ce soir-là encore, elle se retrouvait à pousser la porte du dortoir des premières années, la refermant doucement derrière elle. A travers la sombre luminosité de la chambre, elle aperçue une silhouette lui faire signe. Elle se dirigea aussitôt vers elle, grimpant sur le lit qui pouvait largement accueillir les deux enfants.

« Bonsoir Eli » , chuchota Matthias alors qu'elle se posait à côté de lui.


«  Salut » , marmonna-t-elle en seule réponse.

Elle gardait les sourcils froncés, et par réflexe posa une main sur sa joue tuméfiée.
Encore une fois, elle s'était battue. Et encore une fois, elle avait perdu. Ça lui arrivait régulièrement ces derniers temps ; même si elle se savait principale coupable pour aller chercher des noises à ses aînés, toutes Maisons confondues, elle continuait, encore et encore.

Alors, souvent, elle se retrouvait à aller se réfugier près de Matthias. Parce que c'est celui de ses camarades avec qui elle s'entendait le mieux. Alors il était plus simple de simplement se poser sur son lit et d'attendre à deux que le sommeil les emporte.

Eli espérait que son camarade ne ferait pas trop de remarques en la voyant ainsi – mais peut-être au fond d'elle voulait-elle qu'il réagisse ?

KØHLER Matthias & HÉDERVÁRY Elizaveta503 mots ▬ dialogue en gras

Eli laissa Matthias tirer les rideaux du lit à baldaquins, en profitant pour s'installer plus à l'aise dans le lit. Elle retira son pull pour ne rester qu'en chemise, regrettant après coup cet acte ; après tout, lorsqu'elle s'était battue, c'était avec cette même chemise sur le dos et elle n'était plus vraiment en très bon état, du moins y voyait-on quelques tâches de sang. Le pull, elle l'avait mit après, lorsqu'elle avait été saisit d'un coup de froid qui l'avait de nouveau quitté.

Elle rougit au soupir de Matthias, devinant à l'avance sa question. Par automatisme, elle croisa les bras – réflexe qu'elle avait acquis comme moyen de défense face aux préfets de Gryffondor.

« Hm... Moui, plus ou moins... »

Le moins étant aussitôt à oublier.

Elle ne put s'empêcher de grimacer un peu sous l'élancement que lui provoqua sa blessure à la joue – elle deviendrait certainement d'un beau violet le lendemain.

« Ben... Quand on était en cours tout à l'heure, y a une des filles devant qui disait avoir entendu un troisième année de Gryffondor se foutre de moi... Alors je suis allée voir le gars et je lui ai demandé de me le dire en face si il osait. Il l'a fait, et comme j'ai pas aimé, ben je l'ai tapé. Du coup, il m'a tapé dessus aussi après... »

Oh, elle savait bien que ce n'était pas forcément... Très intelligent, ce genre de réaction. Mais elle préférait autant ne pas réfléchir et faire comme elle le sentait. Même si au final elle finissait blessée, elle avait le sentiment du devoir accomplit, et elle aimait plutôt cette sensation. La seule chose qui l'angoissait après coup, c'était la réaction que pouvait avoir son père en sachant qu'elle s'était battue. Alors elle faisait attention à ne pas se faire voir par un professeur ou un préfet, et édulcorait ces passages dans les lettres qu'elle envoyait à son paternel. Très souvent, elle ne passait pas par la case infirmerie et attendait que les blessures guérissent seules. Parfois, un élève plus âgé, prit de pitié ou de compassion, se dévouait et lui lançait un petit sort pouvant la soigner.

Cette fois-ci, aussitôt le plus âgé l'ayant lâché, elle était partit se réfugier dans un coin de la salle commune des Gryffondor en ruminant une vengeance – qu'elle accomplirait un jour ou l'autre, peut-être. En voyant les élèves partir se coucher, elle avait juste prit ses affaires et commencer à travailler ; une fois bien sûre que les premières années avaient sombré dans le sommeil, ou au moins quasiment tous, elle était monté dans les dortoirs.

Elle jeta un coup d’œil à Matthias, un peu inquiète quant à sa réaction. Après tout, elle l'appréciait – elle irait même jusqu'à dire qu'il était son ami. Alors, elle ne voulait pas baisser dans son estime. Aussi enchaîna-t-elle quasiment aussitôt avec une dernière phrase afin de conclure son récit.

« Mais bon, c'est lui qui a commencé à m'insulter, aussi. » marmonna-t-elle avec mauvaise foi.

KØHLER Matthias & HÉDERVÁRY Elizaveta380 mots ▬ dialogue en gras

Gênée face au regard de son ami, Eli se trémoussa un peu et se mit sur ses genoux, incapable de rester tranquille. Elle savait qu'il allait juger ses actes – de toute façon, tout le monde jugeait. Mais elle ne voulait vraiment pas qu'il lui en veuille... Elle ne voulait pas qu'il la trouve dangereuse ou pense qu'elle était un cas désespéré.

Et pourtant, malgré le fait qu'elle ait plus ou moins peur de perdre l'amitié de Matthias, elle continuait d'aller vers lui et de se confier à ses oreilles attentives lorsque le soir venait, et qu'ils étaient les deux seuls réveillés dans le dortoirs. Elle continuait, parce que ça lui faisait du bien, parce qu'elle se sentait mieux, parce qu'elle ne se sentait plus seule.

« Tu sais que tu ne peux pas continuer éternellement comme ça, hein ? »

Eli pinça les lèvres et baissa la tête, se sentant légèrement coupable.

« Un jour, tu vas t’encagner avec quelqu’un de beaucoup plus grand et baraqué que toi et il va te mettre en petits morceaux. »

Elle prit une inspiration et releva la tête, déterminée.

« Je n'ai pas peur. Je sais me battre, je sais me défendre. Et ça, personne ne le fera pour moi. Alors je le fais seule. »

C'était une vérité après tout, une vérité à laquelle elle s'était habituée depuis son arrivée à Poudlard. Avant, il y avait son père pour la protéger et veiller sur elle. Maintenant, elle était seule. Alors quitte à être seule, elle pouvait tout aussi bien se protéger seule. Peut-être n'était-ce pas la meilleure raison du monde mais... Elle lui convenait. Qu'importe si cela l'amenait à se battre trop souvent, à finir blesse ou autre. A force, elle savait mieux rendre les coups, savait où faire mal, savait anticiper.

« … Et puis, comme ça, j'apprends à me battre correctement. »

Elle l'avait murmuré, en détournant la tête. Après tout, à sa première bagarre à Poudlard... Elle ne savait pas vraiment comment se défendre. Elle avait risqué gros, bien plus gros que maintenant.

Bougeant une nouvelle fois, elle replia ses jambes contre elle-même et passa ses bras autour, posant sa tête sur ses genoux, le regard fixé sur le matelas.

« Je suis sûre que ça ira... »

KØHLER Matthias & HÉDERVÁRY Elizaveta632 mots ▬ dialogue en gras

Toujours repliée sur elle même, Eli écouta attentivement son ami. Elle prenait mentalement note de tout ce qu'il lui disait, ayant conscience que sans conseils elle ne pourrait pas forcément avancer. Elle savait aussi que Matthias n'avait pas tord, sur beaucoup de points.

C'était un fait, elle ne pourrait pas continuer ses années de scolarité à Poudlard ainsi. Déjà car, si pour l'instant malgré ses quelques punitions les préfets, préfets-en-chef et camarades ne disaient rien, il y aurait bien un moment quelqu'un pour aller se plaindre à un adulte. A ce moment là, outre le fait que son père serait informé de son comportement – ce qu'elle ne souhaitait absolument pas – elle serait punie bien plus sévèrement qu'actuellement, et dans les pires cas, elle finirait renvoyée. Ce qu'elle ne souhaitait pas plus, cela mettant un frein à ses ambitions nouvellement acquises.

« Je fais déjà du sport... » grommela-t-elle pour la forme, sachant que ces quelques instants qu'elle prenait pour courir à défaut de pouvoir faire autre chose ne servaient pas à grand-chose.

Elle le laissa ébouriffer ses cheveux, appréciant mine de rien le contact – elle n'était pas à proprement parler une personne câline, mais elle aimait de temps à autre avoir des contacts physiques avec ses proches. Et puis, elle avait souvent eu l'habitude de coller son père jusque là, et la solitude qu'elle ressentait parfois n'arrangeait pas les choses.

« Je ne peux pas me taire et les ignorer, Matthias. » Elle se redressa pour se mettre en tailleur, plus sérieuse. « Me taire, c'est accepter ce qu'ils disent, et je ne peux pas. Je ne peux pas les laisser bafouer mon honneur comme ça. Je dois le défendre. » Ses yeux plantés dans ceux de son ami, elle essayait de lui faire comprendre par son regard l'importance que cela avait pour elle. Son accent ressortait, comme lorsqu'elle s'excitait en cours ou lors d'une dispute ; il lui arrivait même parfois de parler en allemand ou en hongrois sans y faire attention, l'anglais étant encore trop peu habituel pour elle. « C'est pour ça que je me bats... »

Elle baissa un peu la tête, touchée par ce que disait son camarade. Il était dans le vrai – elle se sentait parfois terriblement seule, souvent même. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se refermer, de repousser les gens autour – elle se sentait encore trop mal à l'aise pour ça.

Mais savoir ce que pensait Matthias lui fit plaisir, et surtout, lui redonna confiance.

« Merci Matthias... »

Elle resta un instant sans rien dire, réfléchissant. Au moins pour cette fois-ci, elle ne pouvait pas juste se taire et dormir – elle devait bien faire une concession. Elle ne souhaitait pas arrêter de se battre, absolument pas. Elle voulait leur prouver, à tous, qu'elle se fichait de ce qu'ils disaient, qu'elle était forte, plus forte qu'eux, et qu'elle ne se laisserait jamais marcher sur les pieds. Tant qu'il y aurait quelqu'un pour dire quelque chose, elle continuerait de se battre contre cette personne. Elle fronça un peu les sourcils, avant de soupirer.

« Je ne veux pas... Juste, changer  et arrêter de me battre comme ça. Mais... » Elle hésita un instant. « Je peux bien aller voir l'infirmière quand je serais blessée, un peu. Et essayer d'être plus... Gentille avec les autres. »

C'était au moins le maximum qu'elle pouvait faire.

« Puis, tu sais, si tu as des amis, une famille...Là, tu pourras dire que tu as une bonne raison de te battre. Quelque chose d’encore plus important que toi à protéger. »

Eli ne répliqua rien, mais garda cette phrase en mémoire.
Sa battre pour quelque chose, pour quelqu'un à qui on tient... Elle espérait plus que tout que ce serait son cas un jour.